Un peu d’histoire

Un peu d’histoire de Castors
à l’origine des cités Castors et plus particulièrement la Claire Cité de Rezé.

HIER……….1945
1948
1949
15 Novembre 1949
1950
1951
1952
1953
1954
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HIER……….1945

HIER……….1945

Le département de LOIRE ATLANTIQUE est sinistré.

Nous sortons de la guerre, avec son cortège de ruines et de décombres. Des quartiers entiers de NANTES sont à reconstruire, le centre ville, les chantiers navals sont détruits, les ponts sur la Loire ont sauté, les quais du port sont inutilisables. Seul vestige : Le pont transbordeur est toujours debout.

Partout, le manque de logement se fait cruellement sentir.

EN VILLE:
Outre les ravages de la guerre, il existe à NANTES, des quartiers vétustes dotés de rues étroites et de cours nombreuses,citons : Le Marchis, la Ligne de Pont, le Bas Chantenay.
Il y règne le bruit, la promiscuité, le manque d’air et de clarté, les conditions d’hygiène qui sont pratiquement inexistantes, les points d’eau et les WC sont collectifs, les bains douches sont « de quartier » ; la lessive se fait au bateau lavoir….

DANS LES CAMPAGNES:
On cohabite, puisque deux, parfois trois générations vivent sous le même toit.
L’habitation est constituée très souvent d’une grande pièce unique au sol de terre battue et dont les lits meublent les coins. La cuisine se prépare au feu de bois dans la grande cheminée, l’eau potable est « tirée » au puits du village et la lessive s’effectue au lavoir communal ou à la rivière voisine.

De gros villages n’ont toujours pas l’électricité.

1948

1948

C’est l’année de la RECONSTRUCTION, le centre-ville de NANTES et les chantiers navals sont reconstruits à l’identique, d’autres sont totalement remodelés (rue du calvaire, place de Bretagne….). Mais SEULS, les appartements du centre ville, inclus dans des ensembles architecturaux sont reconstruits et financés par les dommages de guerre.

Les GRANDS TRAVAUX PUBLICS sont engagés, la reconstruction du port et des ponts de Nantes ; la SNCF poursuit son programme d’avant-guerre et fait passer le rail en tranchée et en tunnel d’est en ouest de la ville de Nantes. Le nouveau CHU est implanté sur l’emplacement de l’Hôtel-Dieu, entièrement détruit par les bombardements de septembre 1943. C’est à cette époque que les bras de la Loire et de l’Erdre seront comblés et remodèleront le paysage en surface par des voies et jardins. Ces grands travaux publics seront financés par l’ETAT.

Le LOGEMENT subit une crise et pénurie sans précédent : Il n’existe aucun programme d’envergure et il n’y a pas de crédit pour les H.B.M. (devenus depuis H.L.M.). On constate un déficit immobilier très important dû en grande partie au manque d’initiative de construction durant la période d’entre deux guerres et aux destructions de 1939/1945. A cela s’ajoute l’exode des campagnes vers les banlieues des grandes villes.

Compte-tenu des conditions de vie qui découlent de cette crise du logement, les populations et plus particulièrement le monde ouvrier manifestent leur volonté de « changer de vie ».

1949

1949 L’ESPOIR

Grâce au mouvement « Castors » qui resurgit des années suivant la première guerre mondiale. L’exemple des castors de PESSAC (Gironde), ayant construits 150 logements en 1948, incite les Nantais et les Rezéens à visiter le site (oct.49).

C’est l’enthousiasme dans le groupe.

L’aventure démarre en automne 1949 au café du Beffroi à Nantes et base celle-ci sur deux idées fondamentales :
L’APPORT-TRAVAIL : Les castors ont leur détermination, leur énergie et leurs bras !….
2° LOCATION-ACCESSION à la propriété : Les castors veulent un logement décent !…

L’association loi 1901 « LES CASTORS DE LA LOIRE » est née.

Cependant, pour obtenir le permis de construire, les prêts … ils se donnent un cadre juridique sous forme de Coopérative d’HLM à Capital et Personnel Variables :

Le COMITE OUVRIER DU LOGEMENT  (C.O.L) est approuvé par décret paru au journal officiel le 8 janvier 1950.

Préambule précédent les 24 articles de règlement intérieur des statuts :
La vie en société n’est possible que si elle repose sur des règles admises et suivies par tous. Dans la société où s’impose des règles, la liberté se trouve compromise. Par contre, s’il n’y a pas de règles, le désordre s’installe, la nature égoïste prend le dessus.
C’est la loi de la jungle, les plus forts exploitent les plus faibles.
Dans la société actuelle, nous sommes individuellement des faibles, des exploités. Exploités dans notre travail qui n’est pas suffisamment payé, exploités dans nos logements où nos gosses manquent d’air.
Mais un fort ne peut rien contre des faibles qui s’unissent. Seul, chacun de nous ne pourrait se libérer de sa situation, ni bâtir sa maison ; ensemble, nous y parviendrons. Pour poser cet acte d’homme libre, il faut vouloir l’épanouissement complet de la personne humaine.
Celui qui vient avec l’idée de bâtir seul sa maison, pour ignorer ensuite tous les autres, n’a rien à faire dans notre Société.

Nous ne bâtirons pas chacun notre maison, mais nous bâtirons ENSEMBLE NOTRE CITE.

15 Novembre 1949

15 Novembre 1949

Création de L’UNION NATIONALE DES CASTORS dont le plan d’action s’établit sur six points :

1) RESSOURCES en commun
2) APPORT-TRAVAIL
3) REGROUPEMENT en nombre suffisant
4) CONSTITUTION d’une coopérative d’HLM
5) BUT : Construire une Cité Jardin
6) GERER les problèmes généraux.

1950

1950 l’année difficile

Juin 1950 : Acquisition du terrain de la Balinière.

C’est la joie d’avoir enfin un terrain… Mais c’est vite la désillusion de ne pas pouvoir commencer les travaux faute de FINANCES.
Pour soutenir et maintenir le moral des coopérateurs et dans l’attente du déblocage des fonds,
il est décidé de :
– NETTOYER le terrain, chacun apportant sa pelle et sa pioche….
– EXTRAIRE de la carrière « la pierre » située à BOUGUENAIS, les moellons nécessaires au chantier,
– CREER un LIVRET d’EPARGNE (ancêtre du plan d’épargne logement) dont le barème est calculé au prorata des salaires de chacun.
Ce livret permettra de financer :
– Achat du matériel
– Bétonnage des 101 fondations
– Encavage de la « coopérative », petit immeuble de deux niveaux où furent fabriqués les parpaings à l’aide d’une vibro-pondeuse, les modénatures sur table vibrante ainsi que les carreaux de plâtre, innovant par cette technique la préfabrication.

Le travail est organisé par équipe et toutes ces « occupations » permettent d’enrayer la crise de découragement de l’hiver 1950. Les motifs ne manquaient pas : critiques et méfiance de l’extérieur, lenteurs administratives, attente des prêts, inflation galopante …

Mais heureusement les motifs de réconfort étaient toujours présents : l’amitié et l’union des 101 castors, la sympathie et l’aide extérieures se traduisant par des travaux effectués par le Clergé, les auberges de jeunesse, sans oublier le docteur Corman et tant d’autres ….

1951

1951Septembre

L’espoir réapparaît, les CREDITS sont annoncés.

Les soubassements sont montés en deux mois et le premier parpaing est posé le 18 novembre 1951. Une quarantaine de volontaires, dont 6 femmes du Service Civil International (S.C.I.) arrivent de divers pays pour aider les castors de la Balinière.

La Caisse des Dépôts et Consignations débloque les crédits pour 34 logements (qui n’eurent plein effet qu’après la reconnaissance par le MRU du statut de l’Apport Travail, remplaçant pour l’auto-construction groupée, l’apport financier).

1952

1952

Nouvelles douches froides puisque seules 11 autres maisons sont financées par la CDC.

Heureusement, devant l’essor de la construction, et par décret de janvier 1952, le Crédit Foncier de France est habilité à prêter aux sociétés d’HLM.

Le Comité Ouvrier du Logement fut la seconde coopérative à bénéficier de ce plan de financement.

Les 56 derniers logements furent également financés de cette façon.

1953

1953

Au mois de mai, le Ministre du Logement de l’époque, Monsieur COURANT, vient inaugurer les pavillons terminés ; ceux-ci ne seront toutefois pas habitables avant juillet à la suite de problème d’électrification.

La prise de possession des maisons s’étalera jusqu’en juillet 1954.

Il aura fallu 206 250 heures d’apport-travail, un budget de 388 727 381 francs (de l’époque). Les chiffres des matériaux sont considérables (18 000 m3 de pierres de carrière, 245 000 parpaings, plus de 2260 ml de réseau d’assainissement, etc..)

1954

1954

En Août 1954, les maisons sont toutes habitées, mais, restent à la charge des coopérateurs :
– Le parquet de certaines chambres,
– Les occultations (persiennes ou volets)
– Les finitions des celliers ou des greniers,
– Les clôtures, sauf les parties mitoyennes exécutées en commun durant l’été (à raison de 16 heures d’apport travail par mois).

L’hiver 1954 sera très, très froid, l’Abbé PIERRE lance son appel.

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Les années qui suivent sont les années de « vaches maigres », peu de femmes travaillent, la ménagère rognera tous les jours sur son budget pour financer les travaux, et les fins de semaine voient se poursuivre les travaux communs, car il faut terminer Claire-Cité.

Seule la rue Pierre Cérésole sera bitumée, les voies secondaires seront empierrées sommairement, il n’y a pas d’éclairage public …

Il faut de l’argent pour financer les travaux de voieries, Claire-Cité est toujours du domaine privé (elle ne deviendra publique qu’en 1992), la solution sera de vendre 2 terrains non construits (en 58 & 70).